Vie, œuvre et spiritualité de Mère Clélia Merloni

Homilia e Agradecimentos

Homélie et remerciements

Remerciements de Mère Miriam Cunha Sobrinha

Supérieure Générale des Apôtres du Sacré-Cœur de Jésus

 

Je salue avec gratitude son Éminence, le cardinal préfet Angelo Becciu, représentant du pape François lors de cette célébration.

Je salue avec affection son Éminence, le cardinal Angelo De Donatis, Vicaire du Saint-Père.

Mes salutations s’adressent également à

Nos chers Père évêques, amis des Apôtres, avec lesquels nous collaborons directement dans les différents diocèses représentés ici.

Vous les autorités civiles présentes ici.

Et vous nos chers prêtres et sœurs provenant de nombreux endroits d’Italie et du monde

Je salue les jeunes et les familles qui vivent notre spiritualité, nos enseignants, nos élèves et les employés de nos œuvres.

Je salue tous ceux d’entre vous qui ont participé à cette célébration.

Le grand jour tant attendu par nous tous, Apôtres, et par vous qui partagez notre charisme et notre spiritualité, est enfin arrivé !

De mon cœur et des cœurs de tous les Apôtres dispersés dans le monde, la prière du Magnificat monte à Dieu car Dieu a « exalté l’humilité de sa servante », Clélia Merloni !

Nous faisons l’expérience d’une joie et d’une consolation indicibles propres à ceux qui ont atteint un objectif tant désiré depuis longtemps : la béatification de notre bien-aimée Mère Fondatrice.

Chers Eminences, Excellences, Révérends Pères et diacres ! Merci pour votre présence et votre prière. Vous représentez l’Église qui accueille, confirme et rend public ce beau cadeau que Dieu nous donne gratuitement aujourd’hui avec la béatification de Mère Clélia !

Ce moment confirme l’actualité du charisme de Mère Clélia dans l’Église et nous ouvre à un nouveau temps d’espoir, car la vie de la Mère vécue dans la cachette totale, nous dit que la souffrance, les douleurs, les malentendus, les calomnies, les persécutions, ne sont pas le dernier mot. Le dernier mot est celui de l’amour miséricordieux de Dieu qui nous aime et nous pardonne toujours !

Aujourd’hui, l’humanité traverse une période d’obscurité, d’incertitudes, de manque de points de repère solides ; la Mère nous dit avec sa vie, que le Cœur de Jésus est la Lumière qui illumine la nuit et le navire sûr dans les moments de tempête.

En tant qu’apôtre du Cœur de Jésus, elle a appris la leçon d’humilité et de pardon directement du Maître et nous l’a enseignée et transmise.

MERCI TRÈS CHÈRE MÈRE pour votre témoignage de confiance sans limites dans le Sacré-Cœur de Jésus et pour votre courage pour donner votre vie pour le bien de l’Église, de l’Institut et pour la conversion et le salut des pécheurs.

Merci pour votre pardon et votre bénédiction !

Nous vous demandons de nous accompagner sur les voies du monde, pour apporter à tous l’heureuse annonce du pardon et de l’amour qui sauve !

Merci à tous !

Remerciements du Cardinal Angelo de Donatis

Vicaire du diocèse de Rome

 

Éminence Révérendissime,

Excellences chers confrères dans l’épiscopat,

Chers prêtres et diacres,

Révérende Mère Générale et Sœurs Apôtres du Sacré-Cœur,

Chers frères et sœurs,

Le rite de la béatification a déjà prévu l’action de grâce formelle du diocèse après la proclamation de la nouvelle bienheureuse. Permettez-moi cependant, à la fin de cette célébration solennelle, d’exprimer de manière plus articulée la gratitude de l’Église de Rome et de mon cœur d’évêque qui s’élève vers le Seigneur. La reconnaissance du bonheur éternel nous offre à tous Mère Clélia comme modèle de chemin réussi : une vie dont le Père se réjouit, une fille de Dieu qui a atteint le « but élevé » de la sainteté à laquelle saint Jean-Paul II nous a tous invités à la fin du grand jubilé de 2000.

Les saints et les bienheureux sont des lumières pour notre chemin de foi. Je voudrais partager avec vous seulement trois traits particuliers que la biographie de Mère Clélia m’a suggérés et qui s’offrent à notre imitation.

Le premier : Mère Clélia était une femme qui aimait le Seigneur, depuis son enfance, d’une manière indéfectible et confiante. La découverte de l’amour infini du Christ, résumé dans le Sacré-Cœur, a illuminé sa vie et l’a rendue forte et confiante, et ce durant les années de l’épreuve. L’amour de Dieu, l’abandon profond à sa volonté, dans la certitude qu’aucune preuve n’est insensée et sans valeur, est le secret de sa sainteté. La vie active ne souffre pas de dispersion et ne porte ses fruits que si elle est soutenue par une profonde dimension contemplative, et si seulement elle est enracinée dans une foi qui a vraiment fait l’expérience de la présence lumineuse et adoucissante du Ressuscité.

Le second point est lié à la consécration. La vie religieuse ne nous met pas à l’abri des fragilités de la nature humaine et du caractère. La communauté est un lieu de purification et de patience, de sanctification dans l’obéissance et la charité, dans l’accomplissement quotidien du devoir d’état. Par cette voie, le Seigneur nous assimile progressivement à lui-même dans un chemin d’essentialité qui fait briller de plus en plus ses dons et nous fait un signe lumineux pour nos consœurs et pour tous ceux que nous rencontrons. Plus le moi recule, plus on voit la présence de Dieu dans la vie du consacré. Ce n’est que par cette voie que la vie religieuse retrouvera sa valeur de signe prophétique du Royaume à venir.

Le troisième trait est l’actualité du charisme ecclésial de Mère Clélia dans le domaine de la charité. Au centre de son cœur se trouvaient les pauvres, les abandonnés, les orphelins, les migrants, mais surtout la conversion des pécheurs. La charité chrétienne ne se réduit jamais à l’assistance, mais elle est inspirée par l’amour du Christ et est axée sur le désir que chacun connaisse et aime le Seigneur. L’annonce de l’Évangile est la première et essentielle forme de charité. En conséquence, le messager de l’Évangile se fait le voisin de son prochain, un bon samaritain qui se penche pour emmailloter les plaies de l’humanité la plus éprouvée et la plus oubliée. La vie de Mère Clélia est en accord avec l’appel insistant de notre évêque, le pape François, à nous faire témoins de l’amour du Christ dans les banlieues et partout où il y a des gens qui, aux yeux d’un monde qui risque de devenir impitoyable, ne sont que des déchets.

Frères et sœurs, que l’Église de Rome, dans ses multiples articulations, accueille le témoignage de Mère Clélia et bénéficie de son exemple : de plus en plus enracinées dans le cœur du Christ, de plus en plus adhérentes à la sainte volonté de Dieu, de plus en plus poussés par l’amour envers les frères qui attendent la parole de l’Évangile et le témoignage de la charité !

Homélie du Cardinal Giovanni Angelo Becciu

Préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints

 

La Parole de Dieu qui a été proclamée nous aide à saisir le cœur de l’expérience humaine et chrétienne de la bienheureuse Clélia Merloni, en soulignant les éléments essentiels de sa « physionomie » spirituelle. C’est le visage d’une femme dont l’existence a été marquée de manière impressionnante par des souffrances et des tribulations : la croix a été le sceau de toute sa vie ! Mais son regard, surtout à l’heure de l’épreuve, était toujours tourné vers Dieu.

L’apôtre Paul, dans la deuxième lecture, s’adresse aux chrétiens de Corinthe en indiquant la charité comme la « voie la plus sublime » pour atteindre les plus grands charismes (cf. 1Cor 12,31), et déclare : « La charité est magnanime, bienveillante, elle n’est pas envieuse, […] elle ne s’irrite pas, elle ne tient pas compte du mal […]. Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout !» (1 Co 13,4-7). Pour sa part, l’évangéliste Luc met sur la bouche de Jésus ces mots : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissez » (Lc 6,27).

Ces exhortations semblent trouver une nouvelle actualité dans la vie de Mère Clélia, qui les a rendues siennes de manière radicale, surtout lorsqu’elle a été frappée par des calomnies qui ont conduit à sa destitution du gouvernement puis même à son éloignement de l’Institut qu’elle a fondé. C’était la période de son calvaire. Une épreuve personnelle dure et épuisante, faite de solitude et d’isolement, d’affaiblissement de la santé et de difficultés, à la limite du désespoir. C’était le moment de la rencontre avec son époux, Jésus crucifié. En effet, comment ne pas la voir assimilée à Celui qui, sur la croix, a subi l’abandon, le mépris, l’ignominie, l’échec, le dépouillement de toute dignité humaine ? À l’exemple de Marie qui est restée immobile et inébranlable au pied de la Croix, la Bienheureuse Clélia n’a pas douté de sa foi en Dieu, en Celui qui n’abandonne jamais ses enfants en toutes péripéties de vie, surtout dans les heures de douleurs, souvent inextricables à comprendre et difficiles à accepter.

Elle a partagé la blessure du cœur de Jésus, répondant aux hostilités et au mépris par la charité. Elle déposait toute contrariété au pied du tabernacle : c’était là son point d’appui. Devant le Cœur de Jésus, elle reconnaissait sa volonté de réconciliation avec tous, trouvant la force de pardonner à ceux qui la persécutaient. Bien qu’ayant un caractère fort, elle a fait preuve d’une tendresse extraordinaire pour oublier les offenses subies, témoignant ainsi du pouvoir victorieux de la charité, qui ne se fâche pas, qui ne tient pas compte du mal reçu, qui excuse tout, supporte tout. Elle n’a jamais parlé pour créer des dommages à qui que ce soit, même à celles surtout qui, au sein de sa Congrégation, lui étaient hostiles ; elle embrassait les souffrances, les offrait au Seigneur et y voyait les différentes facettes de l’Amour de Dieu envers elle.

Ainsi, avec sa vie donnée en oblation totale, elle a été la fondatrice des Apôtres du Sacré-Cœur de Jésus, témoignant dans sa chair le charisme de l’Institut. Ce charisme reste actuel et fascinant : s’offrir totalement et joyeusement au Cœur de Jésus pour être un signe vivant et crédible de l’amour de Dieu pour l’humanité.

Le centre de sa foi a toujours été le Christ, rencontré surtout dans le mystère eucharistique, dans les longues heures passées à la chapelle, même la nuit, bien qu’étant malade. Un témoin raconte : « Après de graves événements, elle s’est réfugiée dans la chapelle et de nombreuses sœurs âgées qui la voyaient rapportent qu’il fallait la secouer avec sa main pour la faire répondre car elle s’enfonçait dans la contemplation de Dieu et y était plongé comme dans une profonde extase » (Informatio, 67).

Cette centralité eucharistique attirait son attention vers le décor de l’autel, des fonctions liturgiques, des églises, pour la solennité des jours de fête, surtout vers les prêtres, les ministres de l’autel, pour lesquels elle priait en particulier pour ceux qui sont en crise.

C’était une religieuse qui ne regardait toujours que Dieu ; sa devise était « Dieu seul ». Dieu avant tout et au-dessus de tout. Il valait la peine Le choisir comme seul Idéal de la vie et de ne faire confiance qu’à Lui. À la lumière des expériences vécues dans sa chair, de l’effondrement de tant de certitudes humaines, mère Clélia recommandait à juste titre à ses sœurs : « Imprime dans ton cœur que Dieu seul est ton seul bien et ton unique refuge ». Toute remplie de Dieu uniquement, elle a goûté à sa présence continue, en vivant plonger dans le surnaturel, au point d’être transformée en « flamme d’amour ».

En effet, la vie de prière contemplative était intense et constante pour la bienheureuse Clélia. Les témoignages s’accordent à affirmer qu’elle priait continuellement, gardant son regard fixé sur Dieu, scrutant sa Parole et tissant sa prière avec toutes ses actions. Sa vie était devenue une vie de prière. Elle était tellement attachée à la prière que l’union intérieure avec Dieu l’a amenée à sauter les repas. « Quand on lui demandait : »Mère, comment vous vivez sans manger ? », elle répondait que son repas était la prière » (Informatio, 35).

Voici encore une autre facette du visage spirituel de la bienheureuse Clélia Merloni. Justement parce qu’elle est une femme toute donnée à Dieu, elle s’est donnée totalement à tous et spécialement aux petits, aux pauvres, aux simples, et à ceux qui sont sans défense. Son amour pour Dieu ne pouvait se refléter ou s’incarner que dans l’amour de l’homme, image vivante et palpitante de Dieu. Son cœur était ouvert à tous, en particulier aux malades et aux souffrants ; elle savait faire sienne le besoin des autres, jusqu’à se priver souvent du nécessaire ; elle faisait toujours preuve d’une tendresse particulière, d’une compassion innée face à toutes sortes de souffrances, et pour y répondre se soumettait à tout inconfort et fatigue, déployant cette soif de charité et de zèle qui brûlait en elle. Dans les œuvres de charité, elle ne connaissait pas de limites et s’appropriait pleinement des problèmes des autres ; ceux qui vivaient à côté d’elle affirment : « En face d’un nécessiteux qu’elle ne pouvait aider, elle se sentait diminuée à cause de la peine ressentie. Face à la charité, elle ne s’attardait pas dans les raisonnements » (Informatio, 53).

Chers frères et sœurs, les saints et les bienheureux sont pour nous des messages vivants et vécus de Dieu. L’Église nous les propose donc comme des exemples à vénérer et à imiter. Ouvrons-nous donc au message que la bienheureuse Clélia Merloni nous transmet si clairement à travers sa vie et ses œuvres. Les souffrances morales ont fait d’elle une femme forte et courageuse qui a su témoigner de l’amour de Jésus en toutes circonstances. Rejoindre le Cœur de Jésus transpercé et vouloir vivre la passion du Christ impliquent la conscience que l’étreinte de la Croix est une condition essentielle pour faire jaillir la vie autour de nous et ne pas laisser la mort l’emporter sur elle, la haine sur l’amour, la division sur la communion. En effet, la Bienheureuse n’a jamais cédé aux outrages et aux calomnies de toutes sortes. Elle y a réagi en répandant l’amour partout, en particulier vers les plus faibles et les plus défavorisés, et en s’efforçant d’aider et d’éduquer les jeunes générations religieuses. Mieux, elle a su partager son désir ardent d’amour pour Dieu et ses frères à d’autres compagnes avec lesquelles elle a commencé de manière originale une expérience de vie religieuse dédiée au Sacré-Cœur, où la prière et la souffrance ont émergé comme éléments essentiels du charisme. Ces dimensions n’ont jamais manqué dans l’existence de la Bienheureuse ; s’y appuyant, elle a fait grandir et gouverner l’Institut, laissant en héritage à l’Église une interprétation plus que jamais actuelle du sens de l’autorité en tant qu’autorité dans le don et l’amour.

Chères Apôtres du Sacré-Cœur de Jésus, aujourd’hui nous nous réjouissons avec vous de voir Mère Clélia inscrite parmi les bienheureux. Nous vous demandons de maintenir vivant son charisme et surtout sa spiritualité oblative, dont le cœur est l’amour qui supporte et pardonne tout. La mission, pour laquelle votre famille religieuse a été fondée, est toujours d’actualité. La devise de votre Institut, Caritas Christi urget nos – l’Amour du Christ nous pousse -, vous engage à faire vôtre ces paroles de Saint Paul, rayonnant d’amour sans arrêt et sans limites.

Demandons au Seigneur que le chemin de sainteté que Mère Clélia Merloni nous a montré avec la vie soutenue par l’amour à la Croix, puisse devenir chaque jour le tracé lumineux et sûr de notre chemin d’amour pour Dieu et pour nos frères.

 

Répétons ensemble : Bienheureuse Clélia Merloni, priez pour nous !